- A quoi penses-tu ?
- A rien.
Je pense quelquefois que j'aimerais être aviateur, ou docteur, ou même conducteur de train. Je sais pourtant que je serai
tailleur. Je serai tailleur à cause d'une question banale que maman m'avait posée alors que j'avais neuf ou dix anx.
- Qu'aimerais-tu faire quand tu seras grand ?
- Habilleur.
Les yeux de maman avaient brillé. Qu'aurais-je pu répondre d'autre, alors qu'assis près de maman et mémé, j'étais en train de
tricoter un cache-nez pour pépé et des chaussons pour ma petite soeur ? Moi, je n'en avais plus jamais parlé, mais maman, elle, s'en était chargée !
- Mon fils veut être tailleur !
- C'est un bon métier !
- Surtout l'hiver ! Quand je pense que mon mari...
J'étais tombé dans un piège, et pour ne pas désillusionner maman que j'aimais bien malgré les gifles qui pleuvaienr pour un
rien, j'apprendrai le métier de tailleur. Encore faut-il avoir le certificat d'études pour entrer dans un centre d'apprentissage gratuit selon les nouvelles lois sociales d'après-guerre.
Je ne suis pas superstitieux, et pourtant, le jour de l'examen, je fais une sorte de prière. "Si je réussi mon certficat, maman
sera guérie"
Je trouve facile le problème arithmétique. Je pense que j'aurai un "tout juste".Ce que je redoute le plus, c'est le cinq fautes en
orthographe qui donne un zéro éliminatoire. Mais l'instituteur qui dicte souligne tellement les liaisons et les ponctuations, qu'il est impossible de se tromper d'accent ou d'oublier de doubler
une consonne.
En rédaction, deux sujets sont proposés dont une lettre à un ami. Je choisi la lettre, et sans doute à cause de la mauvaise
santé de maman, je suppose morte celle de mon ami à qui j'écris une lettre de consolation bouleversante.
Une heure avant la proclamation des résultats, monsieur Claudon vient à moi et me chuchotte à l'oreille:
- Tu as un dix neuf en rédac !
Je suis tout à coup très triste en songeant que je n'aurais plus jamais un aussi gentil maître d'école.
A la proclamation des résultats, je suis premier de ma classe, et j'espère bêtement que ma mère mourra très vieille. Pour me
récompenser, mes parents m'offre une très belle montre. Histoire de faire bisquer mes amis jaloux, je regarde l'heure à tout bout de champ.
Le dimanche, c'est devenu une habitude,mon père se charge de faire brouter Blanchette pour que je puisse aller au
cinéma.....
FIN
J'espère que je ne vous ai pas trop ennuyé . Pardon pour les fautes d'orthographe. L'écriture de mes
mémoires m'a fait du bien car elle m'a permis de faire revivre une grande partie de ma famille que j'ai adorée, qui est "au grand jardin là-bas" couvert de fleurs en ce
mois de novembre, et que je rejoindrai un de ces quatre matins, bien qu'lls me disent "ne soit pas préssé!" ....... Je pars donc demain pour Toulouse où là-bas aussi un grand nombre de ma famille
est regrouppé dans un autre jardin blanc. En ce dimanche, je vais faire le tour de vos blogs pour vous dire aurevoir. Avant mon retour vers la fin du mois, je vais faire un crochet
par Paris où j'ai aussi pas mal de famille et d'amis. A très bientôt. Bisous mesdames, avec votre permission bien sur ! Et pour vous, messieurs, comme vous avez les joues plus rugueuses que
nos adorables compagnes, je vous tends une main amicale. Hugues. Robic pour les intimes!
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