Ce siecle avait deux ans ! Notre petit-fils en avait 7 , et comme ses parents travaillaient tous deux et que Nicolas était en vacances scolaires vu que nous étions en Juillet, Princesse et moi étions venus à Digne où ils demeuraient, exercer notre art de grand-parents. Vous pensez bien que je ne risquais pas d'oublier mon vélo ! Il faisait une chaleur comme je l'aime, et , après un somptueux repas comme savait le faire mon épouse et une tasse de café, j'annonçais à ma petite famille que j'allais faire connaissance avec le col du Labouret. J'ignorais que depuis des siecles, un caillou accroché à une trentaine de metres sur sa falaise, guettait mon passage ! J'embrassais ma chérie, bisouillais mon petit-fils et enfourchais mon gitane. Commme par miracle, tous les feux de la ville se mettaient au vert sur mon passage ! A la sortie de Digne, je tatais mes poches et constatais que j'avais oublié mon portefeuille ! J'étais donc sans papiers ! Demi-tour, mesdames ! Je sonne. Princesse ouvre de grands yeux. " Dèjà là ? " fait-elle. Je m'explique et mon Nicolas se fend la poire ! Rebisouillage, et cette fois, tous les feux se mettaient au rouge à mon approche ! Patient, le caillou s'en foutait ! Après une dizaine de km de faux plat, j'attaquais en douceur les premiers lacets de ce col qui m'était inconnu. Les paysages, de toute beauté, changeaient tous les km. Je traversais un parc naturel, ou la faune et la flore étaient protégés. Frais comme un lardon, je décidais, au dernier km de piquer un sprint. Je me mis en danseuse quand tout à coup, je ressenti une véritable explosion sous mon casque ! Sous la violence du choc, je me suis retrouvé assis sur la selle, et je vis un caillou gros comme moin poing rouler sur mon épaule et arrêter sa course au milieu de la route. J'enlevais mon casque et constatais qu'il était fendu ! Je réalisais que sans mon casque j'étais tué sur le coup ! Bien de mes amis enlèvent leur casque dans la montée d'un col. Moi pas. Dans ma jeunesse, j'étais le seul à en mettre un, d'où mon surnom de Robic. Je demandais à mon fils combien de chances j'avais de me trouver sur la trajectoire du caillou, plus fort qu'un tireur d'élite ! Moins que de gagner au loto, me dit-il pince sans rire !