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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 21:53

   Pour ne pas me  fatiguer la vue, maman a mis un linge rouge autour de l'abat-jour. Je suis anxieux, mais content d' être malade ! Comme ça, tout le monde est gentil avec moi ! J'écoute les bruits d'en bas. J'entends le bruit du couvercle du fourneau qu'on soulève pour le bourrer de sciure afin qu'il puisse répendre sa bonne chaleur dans toute la maison. L'hiver, en effet, les tuyaux de la cuisinière font office de chauffage DSCN0364.JPGcentral. Ils partent verticalement vers le plafond de la cuisine qu'ils traversent, longent toujours verticalement le mur de la chambre des grands-parents, et là, près du plafond, ils traversent la cloison et se prolongent sur trois ou quatre mètres dans la chambre des garçons avant de s'emboiter dans le trou de la cheminée. La chambre est donc convenablement chauffée.

   A tour de rôle, maman et mémé viennent me voir. Elles montent l'escalier sans faire de bruit pour le cas ou je dormirais. Papa monte à son tour, sans prendre le temps de se laver, abasourdi et effrayé d'apprendre que je suis au lit avec une forte fièvre.

   - Où as-tu boubou ?

   Il arrive à papa de me parler comme quand j'étais bébé. Le docteur arrive au moment ou tout le monde est à table. papa et maman étant restés chez ma mémé. Il reste très longtemps à mon chevet, regarde ma gorge avec une lampe de poche, m'ouvre un oeil tout grand, m'appuit sur le ventre, me fait respirer et tousser ce qui est pour moi une véritable torture.

   - Qu'est-ce qu'il a ? demande maman.

   - Une pneumonie.

   - C'est grave ?

   Au lieu de répondre, le médecin me tapote la joue.

   - Tâche de bien dormir mon petit bonhomme.

   D'en bas me parviennent des chuchotements, et très longemps après, j'entends le bruit du moteur de l'auto qui s'en va, emmenant mon papa qui profite de la voiture pour acheter les médicaments. C'est drôlement bien d'être au chaud dans le lit quand il fait froid et nuit dehors. J'entends la porte s'ouvrir à nouveau.  C'est sans doute papa qui revient. Très vite, maman me fait avaler des gouttes diluées dans un verre d'eau, puis elle m'apporte un bouillon de poireaux très chaud. Ensuite, malgré mes cris et protestations véhémentes, elle m'introduit un suppositoire dans mon trou de derrière !   Tout  le monde se couche de bonne heure. Cossé s'en est sans doute allé dormir à l'autre maison, car c'est dans son lit que papa et maman se couchent et Arlette dort dans la chambre de la mémé.                      A suivre.....                

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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 10:21

   Le froid est revenu, et pour Noël il y a beaucoup de neige. Pour aller d'une maison à l'autre, papa a dû faire un couloir avec une pelle, et les murs de ce couloir dépasse largement ma tête ! J'aime bien la neige. Maintenant que je suis presque grand, j'ai droit, malgré les réserves que fait toujours maman, de faire de la luge, et même du ski avec de vieilles planches à bouts retournés, pleines de noeuds et fixées aux pieds par des lanières de cuir. Mon pépé appelle ces drôles de skis des espadrilles longues !

   Quelques jours après les vacances de Noël, au retour de l'école, au milieu d'une véritable tempête de neige, j'ai du mal à avancer. Une forte douleur m'étreint à la poitrine. Antoinette et Germaine m'aident à marcher en me soutenant chacune à chaque bras. Elles m'aident à pénétrer chez mémé, sachant que ma mère s'y trouve, occupée qu'elle est à fabriquer des gants pour une entreprise. Maman pousse un cri:

   - Mon Dieu ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Où as-tu mal ?

   - Ici.

   Et péniblement, je pose ma main sur ma poitrine. Mémé se précipite pour refermer la porte et me déshabiller. Mère et fille sont soucieuses. Tandis que maman me met au lit, mémé fait bouillir du lait que je dois avaler le plus chaud possible. C'est maman qui, la main enroulée dans une serviette me tient le bol sous le regard attentif de mémé. La DSCN0323.JPGvapeur s'échappant du bol envahit mon visage qui se couvre de sueur. Mémé l'éponge avec une douceur exquise. Je respire très mal, la douleur devenant de plus en plus vive dès que j'essaye de remplir mes poumons.

   - Va chercher le doctor, dit tout à coup mémé dans son mauvais français.

   Les hommes ne rentrant que beaucoup plus tard, c'est en effet maman qui s'habille chaudement et qui monte à Allevard prévenir le médecin de famille. Elle a dû faire vite, car elle de retour trois quart d'heure après être partie. Pendant son absence, mémé est restée à mon chevet, se penchant quelquefois pour caresser et embrasser la joue de "son" enfant.

   - Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

   - Il est en visite. Sa femme le préviendra dès qu'il rentrera.

   Maman secoue le thermomètre.

   - Tourne-toi.

   - Pourquoi faire ?

   Je proteste parce que je n'aime pas, mais alors pas du tout qu'on me prenne la température !                A suivre.......

5_1enfantsschneegans.jpg       En attendant le mauvais temps, un soleil généreux nous à accompagné tout cet après-midi pour la traditionnelle  sortie du samedi. Place de la résistance, deux groupes se sont formés. Un de 7 pour faire du VELO, direction Chamoux, un deuxième de 8 dont 4 amours de femmes et votre serviteur, pour faire de la BICYCLETTE direction St. Pierre d'Allevard. Un vrai régal tout le long de ce périple d'environ 70 km !  Un clin d'oeil à bebert, lecteur assidu avec bien d'autres Saintpiérains et Allevardains des mémoires d'un enfant du pays.  Je vous souhaite un excellent Dimanche. Demain je suis de banquet ! Et oui ! je fais partie des têtes blanches !

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 09:17

DSCN0396.JPGDSCN0431.JPG   Un peu plus tard, Cossé et tonton Albert viennent DSCN0433.JPGrassurer maman et mémé inquiètes pour le reste de la famille

   - Alors ?

   Hélas ! Le malheur c'est abattu sur des amis de la famille. Le bombardement a fait deux morts.  Deux pauvres gosses de 11 et 14 ans qui jouaient aux billes. Celui de 11 ans, c'était mon meilleurs ami ! Le petit Antoine qui m'avait soutenu devant mon maître lors de l'histoire du vol. C'était mon seul vrai ami, et je ne peux pas croire que je ne le reverrais plus.

   Quelques jours plus tard, avec tous les enfants des écoles accompagnés des maîtres et maîtresses, Antoine, enfermé dans une caisse en bois que je vois pour la deuxième fois, est descendu au fond d'un grand trou. Les cris et  pleurs des parents d'Antoine, mélés à ceux de ses frères et soeurs car il en avait beaucoup, font mal à entendre.

   Dans la classe, au-dessus du tableau, le maître a accroché le portrait d'Antoine au sourire malicieux et au regard espiégle. Je le regarde souvent. Sans savoir pourquoi, je le compare à Gavroche, le gamin de Paris que Victor Hugo a fait aimé de tous les enfants du monde.

   Peu après ces événements, la fiancée de mon tonton, sa maman et son petit frère sont venus à l'Epinette. Il fait chaud car on mange dehors. Je me fais très vite ami avec Jojo habillé en marin ! J'aime bien aussi sa maman parce qu'elle est aussi grosse que mémé, et meme, elle lui ressemble un peu ! Ils ne restent pas longtemps, mais leur passage laisse un merveilleux souvenir dans la famille.

   Malheureusement, quelques mois plus tard, mon tonton esr appelé au chevet de sa future belle-mère, mourante, victime d'une incroyable faute professionnelle des chirurgiens qui avaient lors d'une précédente opération, "oublié" dans son ventre deux paires de ciseaux !

   - Je ne le reverrai plus, mais lui me reverra.

   C'esr ce que dit la maman de Jojo en parlant d'Albert qu'elle aime beaucoup et qu'elle ne revoit pas, hélas ! décédant quelques heures avant son arrivée. Avant d'expirer, la pauvre femme a fait promettre à sa fille de se marier à la dâte prévue.

   C'est ainsi que quelques mois plus tard, selon le voeu de la défunte, mon tonton Albert retourne à Millau pour épouser Joséphine habillée en deuil.

   Ils habitent à Allevard, rue Jérusalem.                         A suivre

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 15:43

DSCN0428.JPG   Je surprends quelquefois papa en larmes, et je ne sais pas pourquoi il pleure, et d'ailleurs, devant moi, il essaye d'être joyeux. Un jour, papa entrant exténué de son travail, maman lui tend une lettre qu'elle a recue d'Espagne.

   - Tiens, lis, c'est une bonne nouvelle.

   Papa lit. Le papier tremble légèrement dans ses mains. Quand il a fini, il enlace maman, et il rit, et il pleure tout à la fois devant mémé qui s'essuit une larme.

   - Il est sauvé ! Il est sauvé !

   Celui qui est sauvé, c'est mon autre pépé, celui que je ne connais pas. Il est en prison. Il était condamné à mort et on vient de le gracier à cause de sont grand âge.

   - Qu'est qu'il a fait mon pépé pour aller en prison ?

   - Il a défendu la liberté. Un jour, tu sauras ce que cela veut dire, mon enfant.

   J'ai envie de l'embrasser. Depuis la grande correction, quelque chose de très fort nous a rapproché, bien qu'une barrière qui ressemble à de la pudeur nous empêche de s'ouvrir l'un à l'autre.  

   Depuis peut, deux petits parisiens, cousins de Germaine sont hébergés chez la famille Navarro pour les soustraire à la misère de la guerre. Ils me parlent souvent des avions de guerre et de bombardements, mais je ne les crois pas. Un jeudi après-midi, je joue avec mes amis de l'Epinette à la fontaine sur la rive droite du Bréda. Loin des bruits de la guerre dont nous n'avons qu'une vague conscience, notre joie de vivre s'exprime par nos rires qui fusent, ignorant les soucis des grandes personnes. Nos rires s'arrêtent subitement. Un avion volant à très basse altitude vient de faire son apparition. Je n'avais jamais vu un avion voler aussi bas !

   - Couchez-vous ! crie le jeune parisien en se jetant par terre et en entrainant sa soeur.

   Au même instant, il se produit une explosion terrifiante dont le bruit se propage dans les montagnes environantes.  La peur au ventre, je reste rivé sur place, tandis que les plus petits comme Arlette pleurent d'épouvante.

   - Venez ! Venez vite !

   Les mamans accourues nous emportent et nous cachent dans un champ de mais. Durant de longues minutes, ma petite soeur et moi restons tapis dans cette forêt de maïs, blottis dans les bras de mémé et maman qui nous bercent pour calmer notre angoisse. N'entendant plus rien, chacun regagne sa maison avec interdiction d'en sortir.                   A suivre.DSCN0413.JPG

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 13:14

   Je ne vois pas sa fente aussi nettement que celle de Germaine, mais ce qui me vichy1-20P-C3-A9tain.jpgsurprends le plus, c'est qu'elle a des poils entre ses jambes et que ces poils sont presque noirs alors que ses cheveux sont gris argentés ! Quelquefois, ses poils doivent la piquer, car alors, elle met sa main entre ses cuisses et ce gratte un bon moment avant de se remettre à ticoter. C'est seulement le jeudi que je peux faire semblant de dormir sur deux chaises. Les autres jours je vais à l'école, et là-bas comme à la maison j'entends beaucoup parler de guerre.

   Un jour, dans un grand prés tout près de l'école, il est  venu beaucoup soldats avec 02_Italiens.jpgdes chevaux. Ils avaient des fusils, mais ce que je trouvais le plus rigolo, c'est qu'ils avaient une plume sur leur drôle de béret ! Quand ils parlaient, je comprenais un peu ce qu'ils disaient, car leur langue ressemblait un peu à l'espagnol et au catalan que j'entends parler à la maison. Les soldats avaient été gentils. Ils avaient ri, et l'un d'eux m'avait donné un morceau de chocolat. Quand je lui avais conté la chose, maman m'avait grondé !

   - Il ne faut rien prendre de ces soldats !

   - Pourquoi ?

   - Parce que ce sont des italiens !

   - Ah !

   Le papa de mon petit ami est italien et on ne m'empêche pas de jouer avec lui ! Le lendemain, les soldats étant partis, je n'eu pas à leur refuser le chocolat. Depuis quelque temps, les instituteurs nous font mettre en rang dans la cour devant un mat où monte le drapeau français, et alors, on chante " Maréchal nous voilà." J'aime bien cette chanson, et je ne comprends pas pourquoi à la maison on ne veut pas que je la chante !

   - Qu'est-ce qu'il en sait lui ! dit ma mémé toujours prête à me défendre.

   N'empêche que ce vieillard dont j'ai la photo dans mon cartable comme tous mes camarades, ne m'est pas antipatique. Je l'aime même bien ! C'est peut-être à cause de ss moustache qui ressemble à celle de mon pépé ? En tout cas, dans la famille on ne l'aime pas ! C'est sa faute, s'il n'y a presque plus de pain et qu'il est noir ! Ca va si mal que ça ? " Heureusement qu'il y a la Canéla et les produits des terres" " Qu'allons-nous devenir ?" Ce sont des phrases que j'entends de plus en plus souvent et dont je ne comprends pas le sens. C'est comme ces drôles de noms comme De Gaule, Torrez, Churchill, Staline, Roosvelt qui sont prononcés à voix basses mais avec ferveur........      A suivre.

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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 15:17

DSCN0406.JPG   Tonton Albert est revenu ! Du coup, c'est la joie qui règne à nouveau chez pépé et mémé. Mon Tonton dort seul dans un lit bien à lui, et moi, je continue à dormir avec Cossé qui, lui aussi, après le certificat d'études s'est embauché à l'usine. Heureusement car le pépé, on l'a mis à la porte comme d'autres "vieux" comme lui ! Pour augmenter la production, on embauche les jeunes 28vr61w.jpget on renvoie les vieux !

   Tonton Albert a une fiancée qui habite très loin, à Millau. Elle lui écrit presque tous les jours. Des fois, quand le facteur passe et que mon tonton est à l'usine, je regarde comment ma maman, avec la complicité de mémé, ouvre ses lettres en employant la vapeur qui monte dès que l'eau bout. Après avoir lu à haute voix la lettre d'amour et en avoir ri, elle la referme avec de la colle. Mémé me regarde gravement.

   - Tu ne diras rien à ton oncle, hein mon fils ?

   Du moment que c'est ma mémé qui me fait promettre de garder le secret, maman peut être tranquille. Elle est sûre en effet que je me tairai. Que ne ferais-je pas pour ma bonne mémé ? Il n'y a que lorsqu'elle me commande de lui remplire la "tina" que je rechigne un peu, surtout que cela arrive comme par hasard quand je suis au fond de la cuve en train d'admirer la foufoune de Germaine !

   - Hougues !

   Mémé tout comme son homme n'a jamais pu prononcer la voyelle U.

   - Quoi ?

   - Viens ici !

   Je m'approche lentement, l'air boudeur.

   - Remplis-moi la tina.

   La TINA ! C'est une grande cuve en bois cerclée à la manière des tonneaux et qui contient au moins six seaux d'eau ! Cela représente trois voyages à la fontaine qui se trouve à deux cent mètres de la maison ! Pourtant, une fois la corvée terminée, je prends plaisir à regarder mémé triturer le linge entre ses doigts, le battre, le rincer et le tordre. Elle est aussi habille lavandière que tricoteuse.

   Des fois, quand elle triocote, elle écarte les jambes qu'elle pose sur les barreaux d'une autre chaise. Alors, je m'allonge en face d'elle sur deux chaises, fais semblant de dormir en cachant ma tête sous mon bras, mais au lieu de dormir, je garde un oeil ouvert et regarde l'entrecuisse de ma mémé qui ne porte jamais de culotte ! A suivre....

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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 15:18

   Je prends la direction de la demeure de ma mémé, talonné de quelques mètres par mon père. La porte étant fermée, je me rends tout de suite compte qu'il ne m'est pas possible de m'y refugier. J'espère néamoins que mes cris et les bruits de la course l'alerteront. Je débouche sur le chemin qui donne sur la route, et prends la direction d'Allevard. Arrivé à la hauteur de la maison des deux routes, ja prends la résolution de quitter la route, de joindre le Bréda, de le traverser au risque de m'y noyer. Je fais donc demi tour. Mon père m'imite, mais glissant sur la chaussée, il tombe lourdement. Je m'arrête. De voir mon père à terre m'attriste, et un instant, ma peur s'estompe. Mais non. Je vois bien qu'il n'y a rien à espérer. Au contraire, l'écume qui sort de sa bouche m'indique que sa fureur n'a fait que se décupler. Je reprends ma course, mais mon ressort est cassé. Je me laisse rejoindre au bas du chemin conduisant à l'Epinette. Combien de coups de ceinture s'abattent sur moi ? Je ne sais pas. Ils sont donnés avec une telle violence, qu'après les deux ou trois premiers, je ne les sens plus. C'est sur mes jambes nues que mon père s'acharne jusqu'à ce que ma mémé accourue ne m'arrache à ses griffes ! Ce savon qu'elle lui passe en m'emportant dans ses bras !

   - Es-tu devenu fou ? Regarde ses jambes rouges jusqu'au sang ! hurle-t-elle en lui mettant son fils à quelques centimètres de son visage.

   - Demandez-lui ce qu'il a fait, rétorque mon père en reculant d'un pas.

   Ma bonne mémé, fermant la porte au nez de son gendre qui n'ose pas rentrer, me transporte dans ma chambre, me déshabille, me soigne avec une sollicitude exquise DSCN0351.JPGqui me met du baume au coeur. Elle pousse la gentillesse jusqu'à s'interdire de me demander le pourquoi de cette terrible correction qui n'était pourtant pas tout à fait injustifiée. Pour mémé, un enfant est toujours innocent. Encore plus s'il s'agit de son "petit Hugues" adoré.

   Je ne devais revoir mes parents que le lendemain. Ca doit être un jeudi, car je ne vais pas à l'école. En fin de matinée, maman me demande d'aller chercher un seau d'eau en ajoutant: "S'il te plait". J'obéîs aussitôt. A mon retour:

   - Te rends-tu compte de la honte que j'éprouverai quand je rencontrerai des gens qui nous connaissent ?

   Je baisse la tête.

   - Ils penseront que je suis la maman d'un petit voleur !

   C'est paroles me font infiniment plus mal que les coups de ceinture. Et pourtant, de rouges qu'elles étaient, mes jambes sont devenues bleue.

   Le soir, mon père arrive beaucoup plus fatigué que d'habitude. S'est-il acharné au travail pour moins penser ? Il embrasse maman et Arlette. Quand vient mon tour, il est tout honteux. Il a sans doute des remords. Comme cela arrive quelquefois, je soupe avec mes parents. Je suis très sage. J'obéis au moindre mot. J'ai tellement besoin de pardon ! Avant de retourner chez mémé, j'embrasse ma petite soeur qui a les abords de la bouche englués de soupe. J'embrasse tendrement maman puis je me dirige vers mon père, la tête baissée.

   - Bonne nuit papa.

   Il me soulève, m'assoit sur ses genoux et d'une voix très douce il me dit tout  en  me berçant :

   - Tu sais, si tu n'étais pas parti en courant, je ne t'aurais donné que deux ou trois coups de ceinture...

   Je fais "oui" de la tête en signe d'assentiment. En m'embrassant, je sens que papa me serre dans ses bras beaucoup plus fort que d'habitude.         A suivre......

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 21:43

    Le lendemain, à la sortie de 11 heures, je trouve maman étrangement silencieuse. Le repas est triste. Même ma petite soeur semble avoir conscience de cette étrange atmosphère. Avant de partir, je les embrasse toutes les deux, ce que je ne faisais jamais à cette heure de la journée. Maman, au lieu de me rendre le baiser, me demande en regardant ailleurs ce que j'ai fait de mon auto.

    - Je l'ai rendue à mon copain.

   Celà me fait mal de devoir mentir. 

   Le soir est arrivé. Le soleil est encore haut quand mon père fait son apparition. Une DSCN0418.JPGhachette à la main, je suis occupé à couper des brindilles de bois destinées à allumer le poêle. Malgré sa fatigue, le sourire de mon père indique qu'il est heureux de retrouver sa petite famille, là, dans la cour. Il contemple avec ravissement  la petite Arlette qui, accroupie et le derrière nu, joue avec de la terre.

   - Tu savais que ton fils était un voleur ?

   C'est maman qui d'une voix blanche, vient d'interrompre la silencieuse contemplation de son homme. Le sourire de papa se transforme en un affreux rictus. Je reste figé sur place, la petite hachette à la main. Ainsi, le méchant M. Porte est venu raconter à maman ce que son fils avait fait. Il avait dû venir assez tôt, ce qui explique l'attitude anormale de ma mère au repas de midi. En quelques mots, maman raconte à son mari mon vol, en omettant de lui dire que j'avais moi-même rendu le jouet sur le conseil de mon instituteur. A moins qu'elle ne l'ignore ? Ce misérable Porte que je me mets tout à coup à haîr, est bien capable d'avoir tu les excuses que je lui avais présentées la veille !

   Avec une lenteur exaspérante, le visage fermé, mon père déboucle sa ceinture. C'est un ceinturon très large et très épais qu'il avait ramené d'Espagne. Entre mon père et moi, il y a le pilot à couper le bois sur lequel je viens de ficher la hache.

   - Viens ici, me dit-il d'une voix presque inaudible, la ceinture à la main.

   Je ne bouge pas. Mon coeur bat à tout rompre. Papa se met en marche. Moi aussi. Nous tournons tous deux autour du pilot qui pour l'instant me protège de l'horrible ceinture. Je comprends très vite  que ce système de défense ne peut durer longtemps. Je gémis. Tout à coup, au moment où la lanière de cuir va m'atteindre, je

bondis derrière ma mère, m'agrippe à ses jupes, fais de son corps un rempart. D'une secousse, maman se dégage, me laissant face à face avec mon bourreau. Car à cet instant suprème, ce n'est pas mon père que je vois là, devant moi, mais le bourreau !

La lourde courroie s'élève à la manière d'un fouet et va s'abattre sur mes épaules lorsque pris de folie, je me mets à courir encore plus vite que la veille !   A suivre.....

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 08:51

   En classe, je ne me sens pas bien. Monsieur Claudon s'inquiète à son tour.

   - Tu n'es pas malade ?

   Je le suis véritablement. Je ne peux pas parler. Le maître interroge sa classe, essaye de savoir si un malheur n'est pas survenu dans ma famille. C'est Antoine, mon plus proche ami qui parle finalment du vol. Monsieur Claudon d'habitude si sévère envers ses élèves s'approche de moi, pose une main sur mon épaule, et d'une voix très douce:

   - C'est vrai ?

   Je répond d'une voix étranglée:

   - Oui monsieur.

   - Il t'as vu ?

   Les larmes, soudain, jaillissent de mes yeux. La main du maître quitte mon épaule pour aller caresser mes cheveux.

DSCN0331.JPG   - Tu penses qu'il t'a vu ?

   - Je ne crois pas, monsieur.

   - Ecoute, tout à l'heure, tu iras trouver monsieur Porte et tu lui rendras son jouet. Tu verras comme cela te fera du bien.

   Je n'ai jamais autant aimé mon maître qu'à cet instant là.

   A la sortie de 4 heures, le coeur battant, j'entre dans la boutique. Je comprends tout de suite que monsieur Porte ne me reconnait pas, et pourtant, je ne regrette pas d'être venu. Courageusement, je sors l'auto de ma poche et la rend au commerçant.

   - Tenez monsieur, hier matin je vous ai pris ce jouet. Je viens vous la rendre et vous demander pardon.

   - C'est donc toi, le petit chapardeur ? Et combien m'en as-tu volées ?

   - Rien que celle-ci.

   Le regard de monsieur Porte se fait perçant. J'ai soudain aussi peur que si je me trouver en face d'un sadique.

   - Et si j'allais raconter tout ça à tes parents ?

   Je claque des dents. Je baisse la tête et bégaye:

   - Ne faites pas ça monsieur. Je vous en prie. Je vous jure que je ne recommencerai plus.

   Une cliente entre. M. Porte me pousse vers la sortie en disant devant la dame:

   - Nous verrons ça !

   Je m'en vais pas rassuré du tout. A la maison, je m'applique un peu plus que d'habitude pour faire mes devoirs. J'ai néamoins beaucoup de mal à résoudre mon problème arithemétique. Le soir, à table, ma grand-mère ne cesse de m'observer. Elle voit bien, cette excellente femme que son "petit Hugues" n'est pas dans son assiètte. quand l'heure d'aller au lit arrive, je n'ai pas envie de faire la bataille avec Cossé.    A suivre.....

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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 10:03

  C'est le lendemain, à onze heures, que je commets le vol conseillé par mon camarade de classe. Comme c'est facile ! Moi aussi, j'ai une auto ! Elle est bleue et quand je tourne la clé les roues arrières tournent à toute vitesse en faisant un grand bruit ! Chemin faisant, mon cousin met la main sur mon épaule et me dit à voix basse:

   - Maintenant que tu as commencé, un conseil, continue ! 

   Sous entendu: "Procure-m'en une !" A l'Epinette, maman me demande en fronçant les sourcils:

bugatti-1936-franklin-mint-b11e243.jpg   - D'où tiens-tu cette auto ?

   - C'est un copain qui me l'a donné.

   La première joie passée, je deviens anxieux. Je ne ressens pas le plaisir que j'escomptais. Je suis mal dans ma peau. Comme pour m'en débarrasser, je donne l'objet de mon vol à ma petite soeur qui marchera bientôt.

   Hélas ! Le lendemain, sur l'insistance de mon cousin, je recommence ! Mais cette fois, le commerçant se méfiait. Trop de petites voitures avaient disparues en peu de jours. Sur un signe de René, je tends la main. Au même instant, le rideau s'écarte violemment et une voix tonne:

   - Je te tiens !

   Je fais un bon terrible en arrière. Dans un instant très court je reste cloué sur place, puis, pris de panique, sans m'occuper des autres qui s'envolent comme une volée de moineaux, je détale jusqu'à en perdre l'haleine. C'est seulement à hauteur de la gare, c'est-à-dire au quart du trajet, que je m'arrête, essoufflé, exténué mais aussi soulagé de voir que je n'étais pas poursuivi. Mon cousin me rejoint, et, sur le même ton qu'il avait pris la veille, il me dit:

   - Un bon conseil, ne recommence pas !

   Merci bien ! Non seulement je ne recommencerais plus, mais j'éviterai désormais de passer par la place de l'église de peur que Monsieur Porte me reconnaisse. "M'a-t-il reconnu?" C'est la question qui m'assaille tout le long du trajet. Maman s'aperçoit tout de suite de ma pâleur.

   - Mon Dieu, Hugues, qu'est-ce qui t'arrive ? Tu n'es pas malade au moins ?

   - Non maman.

   Elle est inquiète, maman. Pour un peu, elle ne me laisserait pas retourner à l'école. Avant de partir, et sans savoir pourquoi, je subtilise l'auto qu'en toute naîveté ma petite soeur avait fait sienne.                  A suivre.

    27 octobre 1956.... 54 ans après je me souviens comme si c'était hier d'avoir dit OUI par deux fois. La première, en l'église Sainte Cécile de Loupian puis une heure plus tard à la mairie.. La derriière lettre de mon épouse date du 14 Juin 2000, la veille de sa retraite.. Elle commence par ces mots: Mon chéri, et se termine par ces phrases: Pourquoi t'ai-je dans la peau de la sorte ? Ce dont je suis sûre comme l'air que je respire, tu auras été mon unique amour. Je t'aime éperdument............. Oh! Princesse ! Je t'aimais tant !

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