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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 13:11

   Ma nouvelle école est assez loin. Aussi, maman me prépare un repas à emporter queTHUMB_illustration_site38400_1166103435.jpg je mange avec d'autres écoliers dans une salle appropriée. Dans cette école, les garçons et les filles sont mélangés. Je me sens de plus en plus timide auprés des filles. Je suis très sage en classe. Mon nouveau maître à l'air de m'aimer. Il me cite souvent en exemple, ce qui provoque des jalousies parmi mais camarades. Quand il explique une leçon, il lui arrive de s'interrompre pour s'écrier:

   - Il n'y en a qu'un qui écoute !

   Personne ne s'y trompe, c'est bien de moi qu'il s'agit.

   C'est vers la fin de l'été que le déménagement a dû avoir lieu, car voici que c'est tout stpaul-petit.jpgde suite l'hiver. Il n'y a pas beaucoup de neige et elle part tout de suite. Les chèvres ne sortent plus. Elles mangent les feuilles sèches des fagots que papa et pépé ont engrangés avant les grands froids. Le noêl est très pauvre et très triste. On a quand même mis un sapin. Arlette a eu une vilaine poupée empaillée, et moi vingt mille lieues sous les mers, mes parents connaissant ma passion pour Jules Verne. Le jour de l'an ressemble à Noêl, mais les grandes personnes espèrent que les souhaits de bonne année seront exaucés. La seule consolation, mais elle est de taille vu l'époque, c'est que la table est abondamment garnie. Des millions de familles en France et dans le monde, ne peuvent hélas! en dire autant.

   Le printemps arrive. Le barrage est bien avancé. Le 1er. Mai, la neige est revenue ! Jamais personne n'avait vu ça ! Pour les gens du pays c'est presque une catastrophe, et pourtant, tout le monde est à l'écoute des dernières nouvelles concernant la guerre. Le 8 Mai, au moment de partir pour l'école, la joie éclate dans la maison ! Papa, maman, pépé, mémé M. Brucelin et tous les ouvriers crient leurs joies, rient, s'embrassent ! Mémé et maman s'étreignent longuement tandis que papa dit d'une drôle de voix "cette fois, c'est fini. Pépé se triture les moustaches et vient embrasser mémé. La guerre est finie.......

                                                                             xxx

   -Tu ne trouves pas que Hugues a grandi ?

   - Quand vas-tu t'arrêter de grandir ?

   Comme si j'y pouvais quelque chose ! Je deviens pudique. Un duvet noir commence à pousser sur mon bas-ventre. Et ce que ne n'ose pas dire et pourtant j'en souffre, c'est cette irritation douloureuse, purulente que j'ai quelquefois à l'extrémité de mon sexe. Quand cela arrive, je ne peux pas décalotter mon gland, car la douleur est alors très vive, et d'ailleurs, à certains endroits, le prépuce se fend comme une lèvre gercée. Après quelques jours, le mal disparait pour revenir quelques semaines plus tard.  A suivre.......

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 13:08

   De ma mémoire d'enfant, je ne me suis jamais éloigné d'Allevard de plus de cinq km. sp-Varces.jpgAussi, c'est une joie énorme qui me saisit en DSCN0461.JPGgrimpant dans la benne du camion chargé du strict nécessaire. Papa est auprès de moi avec les chèvres le bouc et Médor. Maman est à côté du chauffeur tandis que mes grands-parents sont dans la voiture de monsieur Brucelin qui ouvre la route. Ma grande déception, c'est de ne pas traverser Grenoble que papa me montre du doigt, là-bas, au loin, perdu dans la brume.

   Arrivé à destination, je suis impressionné par cette grande montagne sans arbres, à la paroi verticale et qui ressemble à un mur gigantesque.

   - Mira que si nos cau damut !

76657817.jpg   C'est mémé qui a dit ça. Maman lui jette un regard noir !

   - Qu'est-ce qu'elle dit ? demande en souriant monsieur Brucelin

   - Elle parle de la montagne. Elle dit: regarde que si elle nous tombe dessus !

   Cela fait rire le patron. Arlette, elle s'en fiche complètement de cette muraille de pierre. Elle est déjà accroupie, les genoux écartés à la recherche de cailloux, son jeu préféré. Au fond d'une grande cour où gambade Médor, il y a une grande batisse qui deviendra pour quelques mois notre nouvelle résidence.

   Au début, maman a un trac fou pour faire à manger à tant de monde, mais avec l'aide de mémé et pépé qui épluche les légumes, elle apprend très vite son métier de cantinière. Les ouvriers la complimentent. La plupart sont italiens, et maman leur fait souvent, à leur grande joie, des spaghettis et de la polenta. Après sa journée de travail au barrage, papa aussi met la main à la pâte dans cette cuisine où ça sent toujours bon ! En ces temps de restrictions, cela fait tout drôle d'avoir autant de marchandises à dépecer et à faire cuire. Si ce n'était la hantise d'un malheur toujours possible, ce serait le paradis. Albert et Cossé sont en Italie où les combats font rage. Mémé pleure souvent, et ces pleurs finissent par excéder maman.

   - A quoi ça sert de tant pleurer ?

   - Si c'était ton fils qui serait au front, tu ne parlerais pas comme ça !

   - Ce sont quand même mes frères, non ?

   - Comme si c'était la même chose !

   Et mémé se remet à pleurer en silence.

   Maman tient ses comptes dans un grand livre. Elle ne sait jamais vu avec autant d'argent, et elle pense déjà aux économies qu'elle pourra faire. Derrière la batisse, il y a un jardin en friche. En quelques jours, mon pépé l'a rendu présentable. La terre, il la connait ! Quant aux chèvres, dans cet immense maquis de ronces et d'accacias, il n'y a presque pas à s'en occuper, le merveilleux Médor suffisant à la peine.    A suivre....

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 10:00

DSCN0405-copie-1.JPG   Impertubable, papa continue:

   - Il s'agit de faire à manger à une douzaine de personnes.... Tu ne manges pas ?

   - Tu plaisantes ?

   - Non.

   - Raymond !

   - Je me suis presque engagé pour toi.

   Maman suspend la cuillère que finalement elle portait à la bouche.

   - Tu te rends compte du travail que c'est ?

   - J'ai proposé que tes parents viennent avec nous. Brucelin est d'accord. Ils pourront t'aider. Bien entendu il ne leur offre que la nourriture.

   Moi, je suis tout content en pensant que mémé va à nouveau vivre avec nous. Maman aussi, est contente. Cela se sent.

   - Et je serai payée ?

   - Bien sûr !

   - Combien ?

   - Presque autant que moi, plus la nourriture pour tous.

    Maman est emballée. Une pensée lui vient qui la freine dans son enthousiasme.

   - Et la maison ? Il faut garder la maison. On ne sait jamais.

   - Bien sûr qu'on la garde. Si tu peux régler deux mois d'avance, les propriétaires seront contents.

   Et papa d'ajouter:

   - Tu m'en veux d'avoir dit oui ?

   Car maintenant qu'il voit maman joyeuse,il lui avoue qu'il a engagé sa parole en son nom !

   - Pour combien de temps ?

   - A Saint-Paul, huit mois. Après, on verra.

   - Il faut que je vois ma mère demain.

   - Tu feras bien car on déménage dans quinze jours.

   - Et les chèvres ? demande maman qui décidément pense à tout.

   - On les emmène.

   - comment ?

   - En camion.

   Maman repousse sa chaise, se lève, contourne la table et vient embasser papa sous le double regard étonné de Médor et de moi !

   Une heure plus tard, tout le monde est couché. Je ne dors pas. Mes parents non plus. De ma chambre, j'entends les ressorts de leur lit qui font un drôle de bruit ! Ils doivent, à leur manière, fêter l'événement.                  A suivre.........

 

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 00:54

DSCN0447.JPG   J'assiste alors en tremblant à une sorte d'interrogatoire. Les résistants font enlever leurs chaussures aux prisonniers, les essayent et les gardent si elles vont bien à leurs pieds. Un des prisonniers qui n'obtempère pas assez vite est giflé à toute volée. Cela me fait mal de voir cette homme aussi jeune que Cossé, battu devant tout le monde. Le public rit alors que je lis sur le visage des prisonniers une grande détresse. Le moindre mouvement de leurs vainqueurs les font sursauter comme des chiens apeurés.

   Une heure plus tard, un camion arrive, embarque les prisonniers et prend la route de la montagne où se trouve sans doute le maquis. Délaissant mes amis, je rentre directement à la maison, très impressionné, imprégné de sentiments contradictoires d'où émèrge une immense pitié. Maman voyant mon trouble, me demande une nouvelle fois si je ne suis pas malade.

   Maintenant, à l'école, au lieu de chanter "Maréchal nous voilà" , nous chantons " Amis entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines". Dans les rues et sur les routes nous dessinons à la craie des croix de Lorraine. Au moment de rentrer en classe, un écolier sécrie:

   - Eh! les gars ! Les américains vont débarquer ! Il y aura tellement d'avions qu'on ne verra plus une seule partie du ciel !

   Le maître sourit. Le soir, je répète ce mot à maman. Elle m'écoute gravement et à ma grande surprise, elle s'exclame:

   - Bon ! Et bien, puisque c'est comme ça, demain tu n'iras pas à l'école !

   La nuit étant venue, ce n'est pas de ces événements que papa et maman s'entretiennent à table. Arlette est au lit. A cinq ans passé , il lui faut encore sa tétine pour dormir !

   Depuis quelques instants, je sens que papa  a quelque chose à dire à maman et qu'il n'ose pas. C'est finalement sur un ton mystérieux qu'il prononce:

   - Monsieur Brucelin a contracté un travail important: La construction d'un barrage à Saint-Paul de Varces. Je vais donc patir en déplacement.

   - C'est loin d'ici, Saint-Paul de Varces ?

   - Soixante dix km.

   Papa avale une cuillerée de soupe, puis ajoute, sans regarder maman:

   - C'est pas tout.

   - Comment, c'est pas tout ? fait maman en haussant les sourcils.

   Moi, j'écoute sagement cette conversation.

   - Le patron m'a demandé si tu ne pourrais pas tenir la cantine.

   Maman laisse tomber sa cuillère dans son assiette.            A suivre......DSCN0455.JPG

Bon dimanche. Hier, encore une belle journée d'automne pour le vélo. 68 km, ambiance amicale amplifiée par la gente féminine.... Mon projet de vacances est légèrement modidié. Ma cousine parisienne, Marie-José Sirach, journaliste à l'huma n'étant libre qu'à partir du 25 pour m'offrir un programme époustoufflant pendant quelques jours, je vais donc faire, à partir de lundi prochain, mon tour de France dans le sens des aiguilles d'une montre: Allevard-Toulouse-Paris-Allevard. Ma famille toulousaine, (dont les parents de Marie-Jo) m'attend  à Toulouse le 21. Elle est avisée qu'une journée entière sera consacrée à mes amies toulousaines.....  En regardant mon papa, je comprends que maman est craquée pour ce jeune homme ! Heureusement, car alors, je ne serais pas là pour vous en parler !

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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 08:36

   Une minute plus tard, nos coeurs battant à tout rompre, nous voici tous trois enfermés dans un réduit qui sert de placard à linge sale. Il y fait très nuit et ça sent le moisi. Assise sur une chaise, maman nous tient enlacés, serrés sur ses genoux, nous berçant doucement pour apaiser nos peurs. J'ai en effet très peur que les allemands 1466681590_small.jpgdéfoncent la porte et découvrent notre cachette. DSCN0446.JPGUn grand moment passe, et Médor d'aboie plus.

   Maman reste anxieuse tout le reste de la journée, craignant que papa se fasse arrêter dans une rafle. Si les allemands ou leurs collaborateurs apprenaient son passé de combattant républicain dans les brigades internationales et ses activités clandestines, son compte serait bon. Il arrive à la tombée de nuit. Comme toujours, c'est Médor qui le premier lui dit bonjour en se dressant debout, les pattes appuyées sur les épaules de son maître et lui donnant de joyeux coups de langue.

   - Tu as vu les allemands ?

   Papa explique qu'en entendant les coups de feu, il avait abandonné son travail pour aller se cacher dans les bois. Les boches, c'est comme ça qu'il les appelle, les boches sont repartis à Grenoble emportant six personnes soupçonnées d'être juives.

   Quelques semaines plus tard, alors qu'il fait de plus en plus chaud, je viens embrasser une nouvelle fois mémé. Mon pépé est devenu taciturne, et je le vois rarement, car il travaille le jardin des autres et ne rentre que très tard le soir. J'aime beaucoup ma mémé, et pourtant, je ne résiste pas au désir d'aller retrouver mes amis de l'Epinette. Que font-ils, mes amis, là, au bord de la route ? Je me joins à eux. Je vais poser ma quesrion, mais déjà, Marcel s'écrie:

   - Ils arrivent !

   Alors, j'aperçois, venant vers nous, une troupe d'hommes marchant au pas cadencé. Ca fait un drôle de bruit sur la route. Ils sont une trentaine et marchent sur trois rangs. Les deux rangs de gauche et de droite sont composés de civils armés de fusils de chasse. Ce sont des résistants. Etre les deux rangs, mornes et silencieux, le visage ressuilant de sueur, sept soldats allemands marchent au même pas. Fort impressionné et oubliant ma mémé, j'accompagne mes amis jusqu'à Allevard où une foule applaudit au passage des prisonniers. Arrivés sur la place, les prisonniers sont alignés contre le mur de l'église en plein soleil.                 A suivre.......

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 11:29

   Grâce au travail acharné de papa, je ne connais pas la faim, si ce n'est le manque de pain que maman remplace par des gâteaux de maïs. J'ai même de l'argent de poche gagné avec la complicité de mon ami Poulit ! Le mari de Blanchette est un bouc noir, sans cornes, très docile contrairemnt à Blanchette qui dressée sur ses pattes arrières, charge quiconque n'est pas de la famille ! Ce bouc est célèbre à plusieurs km à la ronde. Il est si fort, que je peux lui monter sur le dos pour jouer au coow-boy, et images-copie-4.jpgsouvent, à la demande des propriétaires de chèvres, je l'emmène de ferme en ferme. On me donne 5 francs à chaque saillie, et personne ne sait en nous voyant passer qui du bouc ou de moi est le plus satisfait ! Le seul inconvéniant, c'est l'odeur dont mes vêtements sont imprégniés. Cela se remarque à l'école. Mes camarades me chinent. Monsieur Claudon me fait monter sur l'estrade, me renifle longuement devant ses élèves qui n'en peuvent plus de rire.

   - Ma parole, mais c'est vrai ! Tu sens le bouc ! Allez, retourne à ta place, Boubouc !

   A l'école, on ne m'appelle plus Capet mais Boubouc et j'aime encore mieux ça !

   Un après-midi de chaleur caniculaire, je garde les chèvres au lieu-dit "la vigne" en compagnie de maman et ma petite soeur. De là où nous sommes, nous pouvons voir la route qui passe au-dessus de l'Epinette. Sur cette route, il y a des hommes dont on DSCN0340.JPGdevine qu'ils ont un fusil suspendu à leurs épaules. Ils arrêtent tous les véhicules qui passent, et même les gens qui vont à pieds ou a bicyclette.

   - Ca, ce sont des allemands, dit gravement maman.

   Le lendemain, je garde les chèvres au bord de la route qui monte à Brâme-Farine. De temps en temps, j'entends des détonations en provenance d'Allevard que j'aperçois dans la totalité. Les bêtes sont effrayées et Médor a le poil hérrissé. Je prends la décision de rentrer plus tôt. A mi-chemin, je rencontre maman tenant Arlette par la main

   - Je venais te chercher. Tu entends les coups de feu ?

   Les bêtes étant rentrées, maman est en train de causer des événements avec la voisine. Arlette est agrippée à ses jupes, et moi j'écoute ce que dit maman. Tout à coup, une rafale de mitraillette fait tellement de bruit, qu'on aurait dit le tireur à quelques mètres de nous. Médor hurle à la mort ! La voisine a disparu dans sa maison tandis que maman, arrachant Arlette du sol part en courant m'attrappant au passage par la manche.

   Médor continue à boyer.                             A suire......

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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 14:25

   Donc, tous les jeudis et dimanches, et pendant les vacances scolaires, Cossé ne DSCN0444.JPGdort plus seul. Il est devenu grand, Cossé ! Un vrai homme ! Il laisse pousser une barbe noire et drue trés rare chez les jeunes gens de son âge. Contrairement à son frère, il ne se gène pas pour fumer devant son père. En plus, il a des aventures sexuelles, notamment avec l'une des filles Navaro. Je le sais, parce qu'avec ma mémé, une nuit, tous deux accoudés à la fenêtre de la chambre, on a regardé comment Cossé et Marie se roulaient dans l'herbe au pied du prunier. Ce secret, mémé et moi, on le garde jalousement !

   Ce qu'elle peut être triste, ma mémé ! A cause de ça, je l'aime encore plus ! Mon tonton, son fils ainé, est parti à la guerre ! Pas à la vraie guerre, mais c'est encore pire ! Au maquis qu'il est parti mon tonton Albert ! Il avait été désigné avec cinq de ses conscrits pour partir travailler en Allemagne ( S T O, service obligatoire du travail en Allemagne nazie). La municipalité d'Allevard qui s'appelait "vychiste", leur avait offert la veille un équipement comprenant des chaussures, des chemises, des pull-overs et bien d'autres choses encore, en particulier du tabac si rare à cette époque. Ils devaient partir le lendemain matin, congratulés une dernière fois par les personnalités locales venues les saluer au départ du car. Les autortés attendirent longtemps. Le départ fut retardé. Enfin, il fut évident que personne ne se présenterait ce matin-là ! La mine des officiels ! Renseignement pris, on sut qu'un camion était parti dans la nuit pour une destination inconnue. Ce camion était remplis de jeunes gens portant des paquets fort volumineux ! Voilà pourquoi, en même temps que son fils ainé, le rire de ma mémé s'en était allé.

   Et ce n'est pas fini ! Assis sur la caisse de sciure, j'observe mémé sans oser respirer. Elle est debout, la tête enfouie dans ses bras repliés et appuyés contre le placard. Cossé la tient par le cou et lui parle tout bas.

   - Ne pleure pas, maman ! Je reviendrai bientôt. Ne t'en fais pas comme ça ! Ce ne sera plus long, maintenant...

   De longs sanglots secouent les épaules de mémé Son Cossé vient d'avoir dix sept ans, et il va rejoindre son frère dans la résistance. Je reste auprès d'elle tout le reste de la journée, la consolant par ma présence, ému, épiant sur son beau visage l'annonce d'un sourire qui ne vient pas. Comme tous mes camarades d'enfance, je prends maintenant conscience de la guerre et des misères qu'elle engendre.. A suivre.;;;;;;;;;;resistance1_0.jpg

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 23:58

charrette-374055.jpgDSCN0415.JPG   C'est la débâcle de la maison Bonavida ! Après avoir été licencié de l'usine pour productivité insiffusante selon les nouvelles normes de travail, voici que le propriétaire des "terres" et de la maison de l'Epinette, demande à pépé de s'en aller ailleurs après dix sept ans de service rendu !

   Pépé et mémé sont catastrophés. Avec l'aide de tonton Albert, ils intentent un procés. Au tribunal, la famille a gain de cause pour la maison, mais elle doit restituer la terre et les dépendances ! Il faut donc vendre la brave Canéla, se débarrasser du poulailler et des claviers à lapins. Heureusement, il y a Blanchette acquise il y a un an. C'est une chèvre extraordinaire, toute blanche comme l'indique son nom, et qui, ayant mis bas deux cabris, donne à son maximum cinq litres de lait par jour !

   Papa, après ses journées de terrassier à l'entreprise Brucelin, travail de plus en plus chez les petits paysans, se faisant payer en nourriture.

  Papa et maman aussi, ont été priés de quitter leur modeste logement. C'est à la Tour du Treuil, que papa, heureusement trouve à louer une maison de trois pièces, avec jardin, une cave et une étable pour Blanchette, son mari Poulit et leur fille Clochette. Le chien Médor aussi, parait content de son nouveau domaine. Le déménagement s'est fait dans des conditions pittoresques un patron fermier ayant prêté à papa une charrette et un cheval nommé Bijou. Il y avait si peu de meubles, qu'un seul voyage avait suffit.

   Je suis content d'avoir fait ce petit voyage en charrette qui ressemblait à certaines scènes de films de cow-boy, mais ma joie est contenue par les larmes de ma mémé que le mauvais sort semble devoir accabler. Je vais la voir souvent. A travers champs et en  courant car la pente est forte de la Tour au Bréda, je mets dix minutes pour aller l'embrasser et passer l'après-midi avec elle.  Aux vacances scolaires, je m'y installe avec Blanchette pour laquelle les voisins Navarro ont eu la gentillesse de lui prêter un coin d'étable.

   Les jeux sexuels avec les petites filles sont terminés. Une sorte de blocage s'est faite, dûe sans doute à la naissance des seins et de la menstruation qui survient chez les jeunes filles. Il s'en est suivi une sorte de pudeur honteuse qui m'interdit, à mon grand dépit, de jouer au papa avec mes petites amies au moment où j'en ai le plus envie, la nature me faisant préssentir d'étranges plaisirs sexuels.            A suivre.....

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 14:06

   D'un commun accord et après en avoir longuement parlé, maman et mémé font venir le curé. Ce curé, je le trouve gentil. Il ne me demande pas comme je le croyais, de lui réciter un "notre père" ou quelques autres prières.

   - Est-ce que tu sais tes tables de multplications ?

   - Oh ! oui ! Monsieur.

   - On dit monsieur le curé, dit maman.

   Le curé me fait un clin d'oeil.

   - Le titre, tu sais... Et puis je vais pas t'embêter avec les tables de multiplications. Voyons, dis-moi, est-ce que ça t'arrive de dire des mensonges ?

   - Des fois.

   - Bravo !

domino_27783.jpg   Complètement éberlué, je vois le curé se soulever de sa chaise pour me donner deux gros baisers ! Un sur chaque joue ! Il ajoute:

    - Moi aussi, quand j'étais enfant je faisais des mensonges. Ce n'est pas grave quand on est petit. C'est très vilain chez les grandes personnes.

   - C'est un gros pêche ?

   - Pas toujours. Parfois, le mensonge est necessaire. Il y a de bons et de mauvais mensonges.

   Le curé ne reste pas longtemps de peur de fatiguer son "petit ami". Il me laisse en cadeau un jeu de domino en bois avec des points rouges, un livre d'images et quelques friandises pour quand "tu pourras te lever". En me quittant, il m'embrasse une nouvelle fois, et je suis tout heureux de cette marque d'affection.

   Dès le lendemain, le docteur ravi annonce à la famille que son petit malade est hors de danger, qu'il ne viendra désormais qu'une fois tous les deux jours, mais que surtout, il ne prenne pas froid ! Mémé est aux anges ! Elle rigole et de nouveau elle chante ! Elle est persadée que la visite du curé a été décisive pour la guérison de son petit-fils chéri, et moi, je l'aime tellement, que si j'avais la preuve du contraire ce qui est impossible, je ne la détromperais pas de peur de lui faire de la peine.

    Ma mémé, elle y croit, au Bon Dieu ! Des fois, quand elle est en colère contre son mari, elle crie: " Maria Christina Puta !" mais ce terrible blasphème elle le vomit sans arrière pensée, sans que soit entamée sa croyance au paradis du ciel et sa dévotion à la Vierge Marie.

   Je reste tout un mois dans ma chambre. Par la fenètre, je vois la neige reculer peu à peu, redonnant aux près et aux sapins leurs couleurs vertes.  Ce n'est qu'après les vacances de Pâques que je reprends ma place dans la classe de monsieur Claudon. En m'apercevant, il m'adresse un sourire bienveillant, puis me caresse tout doucement la nuque et me tapote affectueusement la joue. Surpris, je songe: "Décidément, j'ai fait peur à tout le monde!" 

                A suivre........Livre-d-images.jpg                                                                  

Ayant besoin de me changer les idées, je pars en vacances du 15 au 25 novembre, d'où cette accélération de mes mémoires d'enfant. Bonne soirée à toutes et tous. Amicalement.  Hugues.

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 06:27

   Avant de regagner leur chambre, pépé et mémé viennent m'embrasser. Je vois bien que mon pépé a de l'eau dans les yeux, mais je fais semblant de ne pas le remarquer. Je passe une nuit agitée. Au petit jour, ma respiration et de plus en plus douloureuse. Chaque inspiration me provoque un choc que je compare à un coup de poignard. Quand je pleure, c'est encore pire, aussi, je me retiens tant que je peux !

   Le médecin passe de très bonne heure, reste longtemps à m'osculter me questionne avec instance sur l'endroit précis où j'ai le plus mal.

   - Pneumonie-double, répond-il tout bas à une question de maman.

   Pourquoi sort-elle si précipitament ? Je suis entre la vie et la mort. Le docteur vient deux fois par jour. Papa et maman installée dans ma chambre me veillent tour à tour.  453003-555092.jpgMalgré les médicamets et les cataplasmes que m'appliquent maman et ma mémé chérie, je souffre toujours autant. Matin et soir, maman, papa, pépé, mémé et Cossé viennent m'embrasser. Ils ont les yeux rouges, et ce n'est pas seulement par manque de sommeil. Je comprends qu'en dehors de ma présence, ils pleurent.

   Vais-je mourir ?

   C'est la question que je me pose alors que je n'ai que dix ans. Tonton Albert et Joséphine viennent me voir tous les jours. Je reçois aussi la visite d'amis de la famille. J'aimerai faire un gros calin à ma petite soeur, mais le docteur l'a défendu. Un jour, mémé soulève le drap et fait constater à sa fille maria la maigreur de mon corps. Je ne suis plus qu'un squelette entouré de peau ! Comme l'avait fait sa soeur, ma tata sort précipitament pour que je ne surprenne pas son désarroi. Trop tard ! J'aperçois les larmes qui inondent ses yeux.

   J'essaye de croire au paradis dont certains de mes amis m'assurent de son existance. C'est au catéchisme qu'ils apprènnent cela. J'aurai pu y aller aussi; à l'école on peut sortir une demi-heure plus tôt pour qu'on puisse s'y rendre. J'y suis allé une fois. "pour voir". J'ai bien aimé le poème que constitue la prière de " Notre père qui êtes aux cieux", mais l'odeur intérieure de l'église m'incommodait. En pensant à ces choses, je fixe un endroit de la tapisserie tout près de ma figure, et il me semble que ce dessin prend la forme d'un visage de femme qui me regarde.... " Je vous salue, Marie, pleine de grâce"... Le visage souriant de la dame se précise.... " Je vous salue, Vierge marie".... Mais un nouveau "coup de poignard" fait que le visage de la jolie femme redevient le dessin primitif de la tapisserie. Je n'arrive pas à croire. Me suis-je assoupi ? J'ouvre les yeux, et mon regard se pose sur une gravure fixée au mur par ma mémé, représentant un ange: Une mère avec des ailes tendant ses mains protectrices vers un petit enfant. C'est bête comme tout, mais à cause de cela, je suis maintenant sûr que  je ne mourrais pas, ce qui n'est pas le cas dans mon entourage.   dyn010_original_390_486_pjpeg__a3dd2fef661d7eda6084ebe2b32a.jpgA suivre........

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